21 févr. 2009

Le beurre Charentais



















ET POUR LA SANTÉ ? CHARENTES-POITOU.
Trente ans après avoir décroché l'AOC,
le beurre Charentes-Poitou sera l'une des
vedettes au Salon de l'agriculture
qui s'ouvre ce jour à Paris. Pourtant,
la baisse de la consommation menace.
(dans Sud-Ouest du 20.02.2009)


L'argent du beurre : Un déficit de "tartinabilité". Là où l'actrice Maria Schneider comme les plus simples de nos esprits ont toujours deviné qu'il suffisait de sortir le beurre du réfrigérateur pour ne pas trop s'y casser les dents, les industriels invoquent désormais un déficit de "tartinabilité" pour justifier la fonte de la consommation de ce produit, notamment chez les jeunes. Plus de vingt kilos par habitant au sortir de la guerre, une douzaine au début des années 90, à peine huit aujourd'hui chaque année sur les tables françaises.
Au-delà d'un procès en cholestérol essentiellement instruit à charge par les médecins, le beurre subit en effet de plein fouet la rude concurrence des margarines plus ou moins allégées qui colonisent les linéaires des supermarchés depuis une quinzaine d'années. On ne saura également trop rappeler le tort causé par la mode des céréales au p'tit déj'autant que par celle du régime crétois, si gastronomiquement correct qu'il laisse parfois à penser que l'huile d'olive n'est pas plus grasse que l'eau de source.
7,8 kg par habitant
Partout menacé, le business de la tartine résiste pourtant encore et toujours à l'envahisseur végétal dans cinq départements peuplés d'irréductibles laitiers. Premier terroir à avoir décroché une appellation d'origine contrôlée (AOC) pour son beurre en 1979, Charentes-Poitou continue ainsi de beurrer les épinards de quelque 3 500 producteurs laitiers à travers les Charentes, les Deux-Sèvres, la Vendée et la Vienne. Et si les contemplateurs de la bouteille à moitié vide noteront qu'il ne reste plus aujourd'hui qu'une vingtaine de laiteries là où 145 barattaient encore à plein régime dans les années 50, le beurre AOC grignote peu ou proue ce à quoi les poids lourds de l'industrie (1) sont contraints de renoncer.
De 21 000 tonnes en 1998, la production des laiteries Charentes-Poitou dépasse désormais les 24 000 tonnes (dont 10 000 sous la marque Surgères), soit 6 % du beurre vendu en France. « 40 % des consommateurs vivent entre Nantes et Bordeaux, 30 % en région parisienne et sur la Côte d'Azur, là où il y a des personnes âgées et du pouvoir d'achat », détaille Jean-Pierre Secq, le directeur du syndicat des laiteries Charentes-Poitou.
« Pourtant, même si nous sentons un léger retour en grâce de la tartine, la mode des matières grasses allégées nous fait souffrir comme les autres. Il faut malgré tout rappeler que le beurre reste l'un des derniers produits totalement naturels, particulièrement lorsqu'il est sous AOC, c'est-à-dire garanti sans conservateur, sans colorant, sans stabilisant, etc.
Quant au débat sur le cholestérol, le lobby médical commence à relativiser un peu la question. Que celui qui en est victime fasse attention, d'accord, mais on ne va quand même pas mettre tout le monde au régime pour 20 grammes de beurre par jour ! »
À défaut d'inverser nettement la tendance auprès des particuliers - + 10 % tout de même -, les laiteries de Charentes-Poitou font leur beurre grâce à l'industrie alimentaire. 15 700 tonnes en 2007, soit 65 % du volume commercialisé de ce produit proclamé « roi du feuilletage » par les boulangers militant en faveur de la sauvegarde du croissant au beurre.
Un réconfort pour le syndicat qui redoute la contagion d'une fronde anti-AOC naissante parmi les producteurs. Pressés par les crises chroniques et récurrentes du lait, certains d'entre eux n'ont en effet guère goûté les nouvelles règles imposées depuis janvier 2007 par l'Institut national des appellations d'origine (Inao).
Dans le métro parisien
Mais après s'être invité sur la table de l'Élysée, le beurre Charentes-Poitou affichera son AOC dans les trains au départ de Montparnasse et jusque dans les couloirs du métro parisien tout au long du salon de l'agriculture.
« Les consommateurs reconnaissent plus facilement les labels rouges pour les produits alimentaires courants », reconnaît Jean-Pierre Secq. « Et si l'AOC est évidente pour le vin par exemple, il reste à faire un long chemin avant qu'elle soit reconnue comme signe distinctif pour le beurre. » Pas question en revanche de céder à la facilité en regroupant sous une seule marque les neuf beurres made in Charentes-Poitou.
(1) Par ordre d'importance : Lactalis (Président et Bridel), Beuralia (filiale de Sodiaal et Entremont), Bongrain (Elle & Vire et Noisy) et Laïta (Paysan Breton).

Et pour la santé ?

À moins de le chauffer brutalement et à plus de 120 degrés, le beurre ne bouchera pas les artères des personnes en bonne santé. A condition également que votre consommation soit raisonnable (20 grammes par jour). Après le foie, le beurre est même l'aliment le plus riche en vitamine A, importante pour la croissance, le mécanisme de la vision et la vitalité de la peau.
Aujourd'hui quasiment élevé au rang de produit de luxe, il fut longtemps considéré comme la graisse du pauvre. Ainsi Jules César le trouvait tout juste assez bon pour graisser ses sandales, alors que ses contemporains l'utilisaient essentiellement pour faire briller leurs cheveux ou soigner des brûlures.

Des journées de 13 heures pour 1400 euros par mois

Un week-end sur trois et deux semaines de vacances, telle était la condition pour reprendre l'exploitation familiale. Car si son père n'a jamais eu un seul jour de congé, à 36 ans, Jamy Vallier a préréfé s'associer en GAEC plutôt que de sacrifier sa vie privée. « C'est la seule façon pour que des jeunes continuent de faire ce métier exigeant. »
Installé à Crazannes, Jamy Vallier veille sur un troupeau de 130 vaches, soit 3 000 litres de lait quotidiens. « Le boulot n'est pas pour autant facile. Levé à 5 h 15 tous les matins pour la première traite, je fais des journées de 12 à 13 heures pour 1 400 euros par mois, ce n'est pas énorme. » Endetté comme la plupart de ses 3 500 confrères de Charentes-Poitou (200 000 euros sur 15 ans), le producteur suit donc avec attention les négociations qui fixent chaque trimestre le cours du lait.
306 euros la tonne ces jours-ci, 400 il y a un an. « Il faudrait au moins revenir à 350 euros. De plus en plus concentrées, nos exploitations demandent donc toujours plus de technologies, des investissements très lourds. »
Malgré la relative progression des ventes du beurre AOC, 5 % des producteurs laitiers mettent ici la clef sous la porte chaque année. Le syndicat des laiteries, basé à Surgères, les implore d'ailleurs de tous consommer du beurre Charentes-Poitou. Ce qui n'est, paraît-il, pas toujours le cas.
Auteur : sylvain cottin
s.cottin@sudouuest.com




2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour depuis canton (Guangzhou) Sud de la chine.
ici pas de beurre sauf celui de nouvelle zelande
Bonne journée du samedi amitiés de canton
Qing et rené
A bientôt sur: http://belgique-chine.over-blog.com
La Chine hors des sentiers battus, par le tourisme.

Martine a dit…

Qing et René : Pas de beurre !
le charentais est bien bon en tous cas.
Merci.
Amitiés